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Le labyrinthe – 2

compte rendu de l’atelier du 21 juillet 2012 sur le labyrinthe par Siannan

Tout d’abord, une petite définition. Les anglophones utilisent deux mots distincts : maze et labyrinth.

Maze désigne les labyrinthes « maniériste », aux innombrables chemins qui tout à coup s’interrompent. Ce type de labyrinthe est très utilisé pour divertir les enfants et les plus grands.

Labyrinth désigne le labyrinthe « unicursal », avec un parcours unique qui mène généralement de l’extérieur vers le centre sans nécessiter aucun choix. C’est avec ce dernier type de labyrinthe que nous avons travaillé .

Les labyrinthes sont des motifs très anciens retrouvés dans de nombreuses civilisations antiques : en Crète, en Scandinavie, en Egypte, en Amérique du Sud… Les plus anciens connus dateraient de 5000 ans. Ils sont souvent formés à base de cercles et de spirales.
Leur taille est très variable : de quelques centimètres à plusieurs kilomètres de diamètre.

Les labyrinthes sont connus sous les noms de :
«brainstone» (pierres en cerveaux),
«moon stone» (pierre de Lune) ou
«serpent stone» (pierre en serpent).

Labyrinthe de Rocky Valley, Tintagel, en Cornouaille, au Royaume Uni. Peut-être de l’âge de bronze.

La Préhistoire : l’origine du labyrinthe

A Newgrange, on retrouve le thème de la spirale, formée de doubles ou triples enroulements qui pourrait être à l’origine du labyrinthe plus complexe.
En Grande Bretagne, les labyrinthes pourraient avoir évolué à partir de cupules : on trouve de nombreuses gravures de cercles concentriques symbolisant le cosmos, reliés par des stries rayonnantes.

Des constructions labyrinthiformes faites avec des gros cailloux dateraient du Néolithique qui commence vers -5000. Elles ont subsisté à l’Age du Bronze, jusque vers -1700. On les trouve principalement dans l’Europe du Nord.

La Grèce antique : le mythe de Thésée et du Minotaure

Le roi de Crète, Minos, avait un fils monstrueux mi- homme mi-taureau nommé le Minotaure. Il était agressif et se nourrissait d’humains. Il fut donc enfermé à Cnossos dans un labyrinthe construit par Dédale. Nul ne pouvait sortir de ce labyrinthe.
Tous les neuf ans, le roi de Crète exigeait des Athéniens sept garçons et sept filles qui seraient livrés au Minotaure. Thésée, fils du roi d’Athènes, insista pour faire partie des victimes.
En Crète, Thésée séduisit la fille de Minos, Ariane. Celle- ci lui donna un fil qui lui permit de retrouver la sortie du labyrinthe après avoir mis à mort le Minotaure.

Le labyrinthe n’est parcouru que dans un seul sens : de l’extérieur vers le centre. Il symbolise le déroulement de la vie, avec ses nombreuses circonvolutions qui semblent ne mener nulle part, mais emporte vers une mort inéluctable, au centre du labyrinthe où réside le Minotaure symbole de sauvagerie, monstrueux.
Thésée va affronter le Minotaure, vaincre la mort, ou peut être sa propre sauvagerie. Mais son exploit serait vain sans l’aide d’Ariane : la part de féminité. Celle-ci le guide pour lui permettre de sortir du labyrinthe.
On peut interpréter ce passage comme une renaissance, passant par la découverte de sa féminité, ou de l’amour, ou même une réincarnation passant nécessairement par une femme… Le fil rouge peut évoquer le cordon ombilical.

Dans les expériences chamaniques, les thérianthropes (mi-hommes mi-animaux) apparaissent à la fin d’une initiation. Le Minotaure, mi-taureau, symbolise plus particulièrement la force physique.
Le labyrinthe évoque les toiles d’araignées initiatiques, desquelles on ne peut revenir sans l’aide chamanique du fil.


ancienne pièce de monnaie de Cnossos

On retrouve de nombreuses représentations de Thésée et du Minotaure dans le labyrinthe au Moyen-Âge et à la Renaissance.

le Moyen Age : les labyrinthes des cathédrales

Le labyrinthe de la cathédrale de Chartres date du XII° siècle et mesure près de 13 m de diamètre.
Selon les descriptions qui nous sont parvenues, il aurait comporté en son centre une plaque sur laquelle était gravée la scène de l’affrontement entre Thésée et le Minotaure. Cette plaque a malheureusement disparu pendant la Révolution.
La centre du labyrinthe est illuminée par un rayon de soleil le 24 juin, anciennement le 21 juin à 12h (dû aux changements de calendriers).

On peut être surpris de retrouver une scène de la mythologie grecque en plein milieu d’une église. L’explication la plus probable est que la symbolique du labyrinthe était la même que celle des anciens grecs :
le labyrinthe était un chemin initiatique : en le traversant et on se rapproche du centre, de Dieu et de la résurrection, du paradis
On remarquera que les labyrinthes sont généralement situés à l’entrée de l’église, comme une épreuve, une initiation qu’il faut accomplir avant d’entrer dans la maison de Dieu.

Le labyrinthe était aussi appelé :
– le dédale : allusion au labyrinthe de Cnossos en Crète qui, selon la légende fut construit par Dédale, l’architecte du roi Minos,
– la lieue : en rapport avec la longueur du labyrinthe, ressentie d’autant plus longue qu’elle était généralement traversée à genoux,
– le chemin de Jérusalem : parcourir le chemin du labyrinthe à genoux était un équivalent du pèlerinage à Jérusalem.

La symbolique du labyrinthe semble avoir été délaissée au XVIII° siècle, et de nombreux labyrinthes ont été détruits, considérés par le clergé comme une gêne, les enfants les parcourant durant les offices.

labyrinthe de la cathédrale de Reims, détruit au XVIII° siècle

Dans d’autres cultures :

Les Hopi (peuple amérindien) associent les labyrinthes à la Terre-Mère lorsqu’ils commencent leur enroulement à gauche, et au Soleil lorsqu’il commencent à s’enrouler par la droite.

Les grandes lignes tracées par les Nascas, évoquent des labyrinthes géants, souvent sous forme d’animaux.

L’île de Malekula au nord-est de la Nouvelle-Calédonie, possède de nombreux labyrinthes, utilisés dans des rites sacrés. Leur centre symbolise le passage entre le monde des vivants et celui des morts.

Le labyrinthe classique se trace à partir d’une croix, symbole masculin, entouré de courbes, symbole féminin. On peut donc y voir une représentation de l’union du masculin au féminin.


Utilisation des labyrinthes :

Dans ses écrits, Homère fait allusion à une aire de danse aménagée par Dédale à Cnossos, sur laquelle se déroulait la « danse de Thésée » qui renvoyait par la complication de ses pas, au parcours dans la labyrinthe. Cette danse était aussi appelée « danse du labyrinthe » ou « danse des grues »(Γέρανος). Elle serait pratiquée depuis plus de 3000 ans en Crète et à Délos.
Le géranos pratiqué à Délos se déroulait la nuit. Les danseurs-« grues » étaient alignés le long d’une corde dont le meneur — le geranoulkos — tenait un bout. La figure chorégraphique s’enroulait vers le centre puis se déroulait vers l’extérieur.

Il existe un jeu traditionnel en Finlande utilisant un labyrinthe : la « danse de la jeune fille« . Une jeune fille se place au centre d’un labyrinthe et des jeunes hommes doivent l’atteindre pour la libérer.

La marelle est un jeu traditionnel d’enfants, avec aux deux extrémités la terre (à l’entrée) et le ciel à l’autre extrémité.

Le jeu de l’oie est un jeu de hasard sous forme de spirale. On en retrouve les premières traces dans l’antiquité, en Crète et en Grèce. Le long de la spirale, des cases illustrent diverses misères ou coups de chances de la vie.

Le maze : labyrinthe aux nombreux culs-de-sac, où l’on est sans cesse confronter au choix du chemin à suivre. On les retrouve sur des cahiers de jeux d’enfants, ou dans les parcs d’attraction

Les courbures induisent un état d’hypnose mentale ou de transe, permettant l’exploration de notre inconscient. ce serait peut être dû à une utilisation alternative du cerveau droit et du cerveau gauche.

Danses et processions en spirales :


– granitual corse : procession en spirale effectuée le vendredi saint, ou lors de funérailles, symbolisant le passage dans la mort

– spiral dance

On peut utiliser un labyrinthe digital, ou simplement le traverser du regard.

Le labyrinthe peut être utilisé comme outil méditatif, de guérison, de relaxation…

C’est un puissant outil de réflexion qui peut vous aider à voir un peu plus clair dans votre vie ou trouver la réponse à un problème qui vous tourmente. Sig Lonegren a développé une méthode permettant d’analyser les différents tenants et aboutissants d’une décision pour réussir à faire le choix qui nous convient le mieux.

Tracer un labyrinthe :

Traversée du labyrinthe :

Nous avons tracé un labyrinthe au sol à l’aide d’un ruban rouge, et chacun a pu le traverser en suivant la méditation guidée de Sig Lonegren :

Le labyrinthe a longtemps été considéré comme un lieu de magie et d’introspection. Des représentations de labyrinthes on été découvertes partout dans le monde et sont partie intégrante de beaucoup d’anciennes cultures.

Le labyrinthe est par essence une forme géométrique magique qui contribue à la définition de l’espace sacré. Il est différent d’un dédale : il n’y a qu’un chemin pour entrer et qu’une voie de sortie.

Au temps des croisades, les riches familles se faisaient souvent construire un labyrinthe, qui représentait le pèlerinage vers la terre sainte. Aujourd’hui, chacun peut créer et utiliser un labyrinthe, en tant qu’outil de réflexion et de prière.

Quand on marche dans un labyrinthe, notre corps fait des allers-retours.
D’abord, on va vers la droite, puis vers la gauche, avec une rotation de 180° à chaque fois. Cela nous amène à déplacer notre conscience de la partie gauche du cerveau vers la partie droite, et inversement à nouveau. Certains pensent que c’est une des raisons pour lesquelles la marche dans un labyrinthe peut engendrer divers états de conscience.

Une fois le labyrinthe tracé, prenez un moment pour méditer sur le genre de difficulté que vous souhaitez résoudre dans votre vie. Cette méditation est placée sous le symbole de la balance, donc un de ses propos consiste à trouver une polarité, un équilibre. Pendant la progression vers le centre du labyrinthe, notre esprit trouvera son chemin vers une solution.

1- On s’engage dans le labyrinthe en marchant lentement. On s’arrête après chaque pas et on réfléchit. On prend conscience de ce qui nous entoure, de ce qui reste devant nous, et de ce qui gît derrière nous. Commencez par réfléchir non seulement au problème qui vous préoccupe, mais à ce que vous en pensez au niveau intellectuel. Explorez comment le problème a pu exister, d’un point de vue non-émotionnel.

2- En continuant votre marche, déplacez votre réflexion sur la façon dont vous ressentez le problème. Quelles émotions provoque t’il ? Vous sentez-vous incapable de prendre des décisions rationnelles concernant ce problème ? Qu’en est-il de ce problème qui provoque en vous une telle réponse émotive, et POURQUOI vous affecte t’il tellement ?

3- Entamant la troisième partie de notre voyage, tournons-nous vers la manière dont le problème nous affecte sur le plan physique. D’un point de vue financier ? Quelqu’un dans votre entourage qui vous blesse ? Votre problème affecte t’il votre santé ?

4- Tout en marchant toujours lentement, examinons comment le problème affecte nos besoins spirituels. Vous sentez vous perdu dans votre chemin spirituel ? Est-ce que cela inhibe votre croissance en tant que personne spirituelle ?

5- A l’approche du centre du labyrinthe, il est temps de chercher des solutions. Si vous avez une ou des divinités tutélaires, vous pouvez leur demander de prendre le problème entre leurs mains. Vous pouvez aussi demander à l’univers de vous aider à trouver une solution. Ou demander une vision ou faire appel à la divination. Le choix dépend de ce qui fonctionne pour vous et votre foi.

En atteignant le centre du labyrinthe, les idées vont commencer à venir, pour vous aider à résoudre la difficulté. Quand ces idées, ou ces visions arrivent, acceptons-les sans jugement ou questionnement – même si elles ne semblent avoir aucun sens dans l’immédiat, le temps de les analyser viendra plus tard. Vous pouvez accepter qu’une solution vous ait été donnée par un pouvoir supérieur

Au centre du labyrinthe. Quel est le premier pas ? Comment puis-je m’approprier la solution ? Prenez quelques instants, simplement pour rester au centre, assis ou debout, pour laisser creuser la solution. La première partie du voyage est accomplie, parvenir à une possibilité de résolution.
Quand vous vous sentez prêt, commencez le chemin du retour.

Le cheminement de retour :

1- Faisant les premiers pas depuis le centre, considérez la solution donnée, sans la juger, de manière purement logique. Est-ce que vous pouvez la concrétiser ? Même si cela semble difficile à réaliser, si vous vous fixez un but, il PEUT être atteint.

2- Continuant à marcher vers la sortie, gardez à l’esprit la réponse à votre problème. En évoquant les déités ou tout autre pouvoir supérieur qui vous a fourni cette réponse, pensez-vous qu’elles agissent au mieux de votre intérêt ? Bien sûr ! Pensez à les remercier pour le temps et l’attention qu’elles vous ont consacré, et pour vous avoir aidé à atteindre ce stade de conscience.

3- Poursuivant votre marche, considérez encore une fois votre vie spirituelle. Cette solution vous aidera t’elle à apprendre et à grandir spirituellement ? Vous sentirez vous plus abouti spirituellement après l’application de cette solution ?
Qu’en est-il sur le plan physique ? Votre corps et votre santé seront ils affectés positivement une fois que vous aurez commencé à mettre la solution en œuvre ?
Comment ressentirez-vous les effets de la solution sur le plan émotionnel, et comment affectera t’elle les émotions négatives que vous éprouviez initialement ?

4- Approchant de la fin de votre voyage, essayez de voir votre solution d’un point de vue purement logique. Si vous mettez en application cette solution, votre problème sera t’il résolu ? Bien qu’il occasionne plus de travail et soit difficile à obtenir, le résultat vaudra t’il les efforts accomplis pour l’obtenir ?

Une fois sorti du labyrinthe, prenons le temps de remercier les déités qui nous ont assisté. Penchez vous sur votre ressenti à la sortie du labyrinthe. Vous sentez-vous plus lumineux, plus léger ? Prenez une grande inspiration, reconnaissez le nouveau pouvoir acquis et mettez vous au travail pour réaliser les changements nécessaires !

Ressources :

En ligne :
traverser un labyrinthe sur une musique méditative
répertoire des labyrinthes
wikipedia
le site de Sig Lonegren (en anglais)
l’énigme des labyrinthes
site en anglais et allemand
en anglais
Le rituel du labyrinthe dans l’idéologie de la mort en Corse
granitula (vidéo)
 

Livres :
– Les Mythes Pré-celtiques, Myriam Philibert
– Les Labyrinthes , Mythes traditionnels et applications modernes, Sig Lonegren
– Notre-Dame de Chartres, l’énigme du labyrinthe

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